Les coulisses du reportage

« Arpenteurs des montagnes »

Fanny Tondre raconte les coulisses de son reportage

Exercer ce métier 

“Quand j’avais 11 ans, un de mes oncles m’a offert un tout petit appareil photo, un Rollei 35 de la taille d’un paquet de cigarettes, magnifique, léger et facile à glisser dans une poche. Du plus loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être photo-reporter, mais cela a véritablement pris sens ce jour-là.
Cet appareil photo ne m’a plus quittée. J’ai commencé à faire beaucoup d’images, à en regarder beaucoup aussi, à lire, passionnée, les récits des écrivains, des journalistes et des photographes voyageurs, n’attendant qu’une seule chose : partir loin moi aussi, pour faire des photos, être témoin et raconter des histoires, dénoncer des injustices. Au fur et à mesure, mes appareils se sont perfectionnés et surtout, mon œil s’est aiguisé. J’ai finalement tracé mon chemin dans ce métier.”

L’idée de ce reportage
“Prendre des trains, des avions, des scooters, des bus et des taxis pour faire des photos a été mon quotidien pendant des années. Mais depuis quelque temps, le monde est totalement bouleversé : le réchauffement climatique et l’urgence à prendre soin de planète sont mis en évidence. On tire la sonnette d’alarme, partout. Et puis l’épidémie de la Covid est arrivée. Coincé entre ces deux urgences écologique et sanitaire, chacun s’est mis à faire le point sur son bilan carbone, sur sa façon de vivre, de consommer, de voir l’avenir, de travailler.
Me voilà donc moi aussi à réfléchir à tout ça, à me demander comment faire pour travailler « comme avant », mais sans partir loin, sur un sujet qui soit proche de moi géographiquement, un sujet utile, un sujet qui puisse éclairer une problématique de société actuelle qui me touche.
Et là… tilt. Cet été encore, je vivais à Grenoble, installée là-bas pour trois ans. Par toutes les fenêtres de mon appartement, je voyais les montagnes. Pour moi qui aime tant la mer, les horizons azur, la chaleur et les embruns, c’est un comble. Bon … j’exagère un peu, j’adore les randonnées qui durent des jours, les bivouacs à la belle étoile, l’effort et la fatigue de ces ascensions. J’en retire beaucoup de plaisir. Mais la montagne, en soi, je n’y connais pas grand-chose. Vivre à Grenoble entourée de grimpeurs, de randonneurs, de géologues et d’alpinistes m’a donné l’occasion de la regarder d’un peu plus près et de comprendre un peu mieux ceux qui se passionnent pour elle. Il faut les entendre discuter des heures entières des sommets atteints, des courses espérées, des voies grimpées ! En les écoutant parler cailloux, sismologie, chutes de blocs, fonte des glaciers et préservation de la nature, on ne peut que ressentir leur investissement et leur passion pour elle.

Bref, voilà, le sujet de mon reportage est là, sous mes yeux, à la fenêtre de ma salle de bain, mais aussi au milieu de mon salon, entourée de copains : ce sera le réchauffement climatique dans les Alpes, vu par ceux qui y travaillent.
On partira à pied, ils me parleront de leur métier, de leur plaisir à le faire, mais aussi de leur expérience et de l’évolution de la montagne, sous leurs yeux.
Me voilà donc marchant derrière eux dans les Alpes, au cœur du Massif du Mont Blanc pour contempler des glaciers … ou plutôt, ce qu’il en reste.”

Aller plus loin

L’ascension du mont Blanc, Le Monde de Jamy. Des conseils, de belles images, des explications scientifiques. En deux parties sur You tube.

Yallah ! Plus haut que le Mont Blanc est un documentaire qui sortira fin 2020 au cinéma. Réalisé par Margaux Meurisse et Julien Masson, ce film retrace l’ascension du Mont Blanc par cinq adolescents accompagnés de leurs éducateurs de rue.

Ailefroide, Altitude 3954, de Jean-Marc Rochette et Olivier Boquet, (éd. Casterman).
Jean-Marc Rochette raconte son parcours, celui d’un gamin qui rêvait d’être guide de haute-montagne et qui devient auteur de BD.