Les coulisses du reportage

Par Fanny Tondre

« Assister à la création de l’Équipe de France de break en route pour les J.O de 2024 est une chance et surtout un immense plaisir… surtout quand on a été bercée depuis son adolescence par le son du hip-hop.
A 11 ans, j’ai pris l’avion vers New York pour la première fois, accueillie par un cher ami de mes parents. Voir la ville du haut des buildings, entendre les sons si particuliers de la rue, découvrir les larges avenues, les terrains de basket grillagés, les quartiers de Harlem, du Bronx, de Brooklyn, naviguer dans toute la ville le jour comme la nuit a été un réel choc pour la toute jeune fille que j’étais.
Deux ans plus tard, en visite chez des amis afro-américains qui vivaient en banlieue de New York, j’avais un peu grandi. C’était bataille d’eau, Dr Pepper à la bouteille, ghetto blaser et battles sur le trottoir. Je faisais beaucoup rire mes copains avec mes cheveux blonds et lisses. Ils s’amusaient à me poser des bigoudis entre une sortie à l’église où ils chantaient du gospel et le terrain de jeu du quartier. On mangeait des lasagnes réchauffées au micro-onde et on buvait de la limonade en regardant des clips sur MTV.
Je ramenais vers la France des T-Shirts, des baskets, des casquettes et un immense sentiment de liberté. J’avais surtout des images plein la tête, du hip-hop plein les oreilles et l’envie d’y retourner encore et encore, jamais lassée de ces ambiances de rue, de vie, d’énergie pure.
Une dizaine de voyages à New York et 30 ans plus tard, me voilà à Grand-Synthe et c’est un peu de tout cela que je retrouve avec les B-boys et B-girls de l’Équipe de France : une force de vie, beaucoup de passion et de joie.
Pas de son dans un magazine papier … pas possible d’écouter la musique et de se plonger ainsi directement dans l’ambiance sonore d’une battle ! Mais il y a les mots …et les images !
Pour moi, le plus important dans ce reportage a été de capter l’énergie de la danse déployée par le groupe, de trouver le bon moment pour photographier le mouvement des breakers (dans un décor de salle de sport assez austère et peu graphique).
J’ai voulu qu’il se dégage des photos l’idée d’effort, de technique, mais aussi de fluidité, de légèreté des danseurs/athlètes de l’équipe.
Il est possible, à la maquette, de faire un montage de plusieurs images qui se suivent pour suggérer l’idée de mouvement, presque comme dans une pellicule de cinéma.
Il est surtout intéressant de capter cette densité en une seule image.
En photo-reportage, cela s’appelle « l’instant décisif » : le moment duquel se dégage l’essence de la vie d’une scène. »

Et en exclusivité pour DONg ! la playlist d’Abdel, de KidMartin et de Señorita Carlota

Abdel
– Mobb Deep, Shoock Ones
– GrandMaster Flash, The message
– 2 Pac, All Eyes on Me

 

KidMartin
– Pop Smoke – Dior
– ZKR, un rappeur de Roubaix – J’ai fait le tour

 

Señorita Carlota
– Blackstreet – No Diggity
– Jelani Blackman – Hello
– Method Man feat. Lauryn Hill – Say

 

Retrouvez-les Instagram :

Carlota Dudek @BGIRLCARLOTA
Martin Lejeune @MARTINLEJEUNE
Mathéo Dubar @BBOYKIDMARIO
Kimie Alvarez @BGIRLKIMIE
Marlone Alvarez @MARLONE_IMGZ
Enzo De Giovanni @DEGIOVANNIENZO

 

LA CANTINE COMME DANS UN RÊVE

Les coulisses du reportage

par Sandra Laboucarie

 

Des questions

« Cantine », pour moi, ce mot n’évoque pas de très bons souvenirs. Quand j’étais collégienne, la cuisine de la restauration scolaire était au mieux insipide, au pire immangeable. Une question me taraude alors depuis : pourquoi ? Pourquoi est-ce si difficile de servir des plats savoureux aux élèves ? Est-ce dû au nombre de repas à préparer ? Au budget à maîtriser ? À des normes d’hygiène à respecter ? En clair, est-ce possible de se régaler à la cantine ? Alors quand j’ai appris l’existence d’une cantine bio et locale à l’Isle-Jourdain, dans le Gers, ma curiosité a été titillée ! Comment ce défi était-il relevé ? Et surtout, quel était l’avis des élèves ? Parce que faire des repas bons pour la santé et pour la planète, c’est une chose, mais faire des repas qui plaisent aux ados, quelle gageure !

 

La découverte d’un collège

La première fois que j’ai découvert le collège Françoise Héritier, c’était il y a deux ans… Il était tout neuf ! Nous nous étions intervenues au CDI de l’établissement, avec la rédactrice en chef de DONg ! Raphaële Botte, pour présenter la revue aux élèves. Déjà, j’avais été impressionnée par cet établissement où la végétation occupait une grande place dans le hall. J’ai appris ensuite que les préoccupations environnementales étaient au cœur de son projet pédagogique : tout juste ouvert, son bâtiment a été conçu avec une ventilation bioclimatique, un système de récupération d’eau de pluie pour alimenter les chasses d’eau, il y avait un jardin potager, des éco-délégués et… donc cette cantine 100% bio et local. Cela signifie que le cuisinier n’utilise que des aliments bio et que la plupart ont été produits dans la région.

 

L’enquête et le reportage

J’ai pris contact avec le principal de l’établissement, M. Francis Bacquié. Je me suis rendue deux fois sur place pour m’entretenir avec lui et commencer mon enquête. J’ai aussi rencontré le gestionnaire puis le chef cuisinier Thomas Idrac : quelles étaient les contraintes des produits bio et locaux ? Comment s’organisait-il ? quel sens cela avait-il pour lui ? Quel était le prix des repas ? etc. La deuxième partie de mon travail a été le reportage : les voir travailler, partager leur quotidien dans la cuisine, me glisser dans la cantine à l’heure où arrivent les élèves… Je suis arrivée dès 6h30 du matin, quand le cuisinier et ses équipes commençaient à travailler. J’ai été impressionnée par la précision dans l’organisation et la réalisation de près de 500 repas en quelques heures. Admirative aussi de voir les cuisiniers écaler plus de 300 œufs à la main, alors que moi, au bout de deux, je m’agace déjà ! J’ai été aussi touchée par l’implication personnelle engagée par le cuisinier dans son métier. Thomas Idrac est un ancien pâtissier. Quand il parle des élèves, il dit « les enfants », un peu comme si c’était les siens ! Il n’a qu’une idée en tête : « leur faire plaisir ».

J’ai déjeuné avec les équipes et me suis régalée. J’ai été particulièrement chanceuse : la première fois, j’ai goûté à une mousse au chocolat et la deuxième un brownie. Miam !

C’est aussi dans ces moments, plus informels, que l’on glane des informations qui vont permettre d’incarner un peu plus les « personnages » de notre reportage. Par exemple, c’est pendant un repas, qu’une employée de la cantine m’a raconté le repas de Noël, le menu servi, mais surtout les applaudissements des élèves, pour remercier et féliciter le chef cuisinier. Cette cantine sortait vraiment de l’ordinaire.

D’ailleurs, qui l’eut crût : de retour chez moi, j’ai réalisé une recette de la cantine : une tourte végétale. Décidément, les reportages sont toujours riches d’enseignements ! »

 

Pour aller plus loin :

À la télé
Un reportage de l’émission « Envoyé Spécial », France 2 :
Cauchemar à la cantine
Ce reportage a été réalisé en 2018. Il pose le débat et montre surtout que rien n’a changé en trois ans. Les fameuses omelettes évoquées par les élèves dans le reportage de DONg ! existaient déjà…

 

Sur Internet
Un reportage sur des cantines « modèles »

L’ONG Greenpeace milite pour que les cantines servent davantage de repas végétariens.

 

À la radio
Bien manger à la cantine, c’est possible dans « Les bonnes choses » sur France Culture.
Cette émission (2019) sur la cuisine et l’alimentation de Caroline Broué est consacrée aux solutions pour mieux manger à la cantine. Les invités abordent tous les aspects. Gilles Pérole est maire de Mouans-Sartoux et il explique les solutions mises en place pour les cantines de sa ville. Sandra Franrenet est journaliste. Il y a deux ans, elle a publié Le Livre noir des cantines (éd. Leduc).