Des rennes et des mines dans la Toundra
Aurélie Darbouret (auteur)
Christophe Merlin (illustrateur)
Les coulisses du reportage
« J’ai découvert le Grand Nord norvégien en 2016, en arrivant par la mer dans la ville de Hammerfest, un port de l’arctique en plein développement.
De retour dans la région deux ans plus tard, j’ai en tête de rencontrer les Samis qui élèvent des rennes dans l’intérieur des terres. En effet, je m’intéresse à ce moment-là aux groupes de femmes et d’hommes qui entretiennent des relations fortes avec la nature. J’ai aussi appris dans un journal anglais l’existence d’un jeune éleveur rebelle, Jovsset Ante Sara, et je veux à tout prix le rencontrer.
Après avoir pris un avion jusqu’à Oslo, la capitale de la Norvège, un autre jusqu’aux villes polaires de Tromso puis de Alta et deux bus, me voilà donc dans le village de Karasjok. Toutes les routes sont couvertes d’une épaisse couche de neige et les piétons se déplacent en poussant de petits traîneaux – pour aller plus vite, et éviter de tomber !
En descendant du bus, je tombe directement sur le bureau de Trond Biti, l’avocat de Jovsset Ante Sara. Quelle chance ! Je n’ai pas réussi à le joindre avant mon arrivée, mais quand je frappe à sa porte, il accepte tout de suite de me parler. Quelques jours plus tard, dans le village de Kautokeino, je fais la rencontre de Lasse Ante qui me raconte les difficultés des jeunes éleveurs. Je parle avec des habitants, des jeunes, des moins jeunes, et même la doyenne du village, une nonagénaire qui m’explique comment vivaient les Samis dans les années 1930… mais nulle trace de Jovsset Ante Sara et de sa famille.
En février 2019, je décide de retourner en territoire Samis pour DONg ! J’ai le sentiment de ne pas avoir encore tout compris au fonctionnement de cette société complexe et des difficultés auxquelles elle fait face. Juste après mon arrivée, j’apprends que le gouvernement norvégien vient d’autoriser l’ouverture de la mine Nussir. Je me dépêche alors de rejoindre le village de Kautokeino où je sais qu’une manifestation est organisée par les Samis. Là, je rencontre de nombreux éleveurs, des femmes politiques, des élus ainsi que la sœur de Jovsset Ante Sara qui m’invite chez elle pour discuter. Je reste plusieurs jours dans le village. Lasse Ante me propose de l’accompagner dans la toundra, il me présente son frère et d’autres jeunes éleveurs.
Quelques jours plus tard, je retourne aussi à Karasjok où j’ai rendez-vous avec Nils et Ante Ailo, les fils de Elen Anne Grete, une mère de famille inquiète pour l’avenir de ses enfants, que j’ai rencontrée l’année précédente. Cette fois, les portes se sont plus facilement ouvertes que l’année précédente. »
Aller plus loin
Les termes « indigène » ou « autochtone » désignent les personnes qui descendent des premiers habitants d’un territoire. Les Samis, qui occupaient le Nord de la Scandinavie avant le début de la colonisation par les Norvégiens sont souvent désignés comme le dernier peuple autochtone de l’Europe. Ils élisent un Parlement en Norvège, un en Suède et un en Finlande.
Les peuples autochtones représentent 370 millions de personnes dans le monde, vivant dans 70 pays. Par exemple, 4% des habitants du Canada et 2% de ceux des États-Unis sont Amérindiens : ils descendent des premiers habitants de l’Amérique, présents sur le continent avant l’arrivée de Christophe Colomb.
En général, ces peuples sont des minorités dans les États où ils vivent et luttent pour protéger leur culture et leur territoire.
En France, des habitants d’Outre-mer, les Kanaks de Nouvelle-Calédonie et les Amérindiens, en Guyane par exemple, revendiquent aussi l’identité de peuples autochtones.
En 2007, l’Assemblé générale des Nations Unies, qui rassemble la quasi totalité des États de la planète, a adopté la Déclaration sur les droits des peuples autochtones. Elle affirme le droit pour ses peuples de choisir librement le développement économique, social et culturel qu’ils souhaitent.
L’Unesco, une organisation internationale pour la culture, a déclarée 2019 Année internationale internationale des langues autochtones.
À voir, à lire
Aïlo, une odyssée en Laponie, réalisé par Guillaume Maidatchevsky raconte le combat pour la survie d’un petit renne sauvage qui naît pendant la migration et doit faire face à de nombreux dangers.
Plus froid que le Pôle Nord, écrit par Roddy Doyle (Flammarion Jeunesse). Johnny et Tom, en voyage en Laponie avec leur mère ne retrouvent plus le traîneau de leur maman. Sans hésiter, ils partent à sa recherche dans le brouillard polaire.
Nils et le terrible secret, de Claire Clément, (Bayard Jeunesse), En voyage à Kautokeino, en Laponie, Alice fait la rencontre d’un jeune Sami, Nils, qui lui rappelle son fils de deux ans, disparu dans un incendie.
Le traîneau d’Oloona, de Florence Reynaud, (Bayard Jeunesse). En pays Sami, Oloona, une institutrice qui va partir à la retraite raconte à ses élèves son enfance dans les années 1930. A l’époque, elle a fui les colons et s’est retrouvée seule dans la forêt du Grand Nord.