Les coulisses du reportage

par Vincent Gerbet

 

« Quand Raphaële, la rédactrice en chef de DONg ! m’a proposé de travailler sur le numéro spécial « cuisine » qu’elle préparait, j’ai d’abord pensé que ce n’était pas pour moi… J’aime passer du temps à table et je sais apprécier un bon repas avec des amis, mais ma passion pour la cuisine s’arrête là.

J’ai quand même pris le temps d’y réfléchir et je me suis souvenu d’un copain de collège de ma fille lorsqu’elle était en 3e. À la fin de l’année scolaire, au moment de l’orientation pour la poursuite des études, elle m’avait parlé́ du choix de Nathan de suivre une formation de pâtissier. Je ne le connaissais pas davantage, je savais juste qu’il avait la « cote » auprès de ses amis avec ses bonnes blagues et les gâteaux qu’il confectionnait parfois.

Ce qui m’avait d’abord marqué, c’est que Nathan, plutôt bon élève, avait choisi une filière professionnelle plutôt que la voie générale comme la majorité́ de ses camarades de classe. Mais surtout, je me souvenu que ma fille m’avait rapporté la fierté des profs et de la direction du collège. Effectivement, Nathan était parvenu à s’inscrire dans une très bonne école de pâtisserie, chose visiblement peu courante, voire exceptionnelle…

Je me suis donc souvenu de cet épisode et en ai fait part à Raphaële. La pâtisserie avait sa place dans le numéro mais, je devais lui en dire plus… Je me suis alors mis en relation avec Nathan qui m’a confirmé être désormais en deuxième année de bac professionnel de pâtisserie, à l’école Ferrandi à Paris. J’ai enfin compris pourquoi le collège était si content de voir un élève intégrer cette grande école de la gastronomie française. Son prestige attire des étudiants du monde entier, et de grands chefs en sont sortis… Et c’est surtout très dur d’y entrer !

Mon sujet avait pris forme, Raphaële me donne son feu vert pour le commencer.
Nathan très enthousiaste. Je l’interroge au téléphone pour collecter et approfondir les informations sur son parcours et son école. Je prends bien la peine de demander l’autorisation parentale pour la réalisation du sujet. Nathan est mineur, c’est une précaution à prendre. Je me suis donc entretenu avec sa mère pour m’en assurer. Je l’ai également questionnée pour savoir ce qu’elle avait pensé́, en tant que maman, soucieuse de l’avenir de son enfant…

J’avais une bonne partie du sujet. Ne me restait plus qu’à aller réaliser mon reportage photo à l’école. « Je veux voir de la crème, des gâteaux qui dégoulinent de gourmandise ! » m’avait dit Raphaële. Je dois caler une date rapidement, des rumeurs d’un nouveau confinement se font insistantes, il serait notamment question de refermer les établissements scolaires. En plus Nathan n’a cours à l’école qu’une semaine sur deux, le reste du temps il est en entreprise. Finalement, le rendez-vous est pris un vendredi pour aller faire des photos pendant le cours (très) matinal de travaux pratiques de pâtisserie. Je me lève très tôt ce jour-là̀, mon réveil sonne à 4h45 ! À 5h40, équipé́ de mon matériel photo, je rejoins Nathan dans le métro… Nous arrivons à l’école située dans le 6e arrondissement de Paris vers 6h30. Je quitte alors Nathan qui file se changer. Et puis je me rends dans l’un des nombreux « laboratoires » de cuisine au rez-de-chaussée. Sur mon passage, je vois beaucoup de jeunes gens en tenue de cuisine qui s’affairent déjà̀, il n’est que 7 heures ! Je suis très bien accueilli par Messieurs Chiron et Guermonprez, les deux professeurs chefs pâtissiers du cours pratique. Puis je me présente ensuite aux élèves en leur expliquant ma présence. Comme à chaque fois, je demande à tout le monde de ne pas faire attention à moi, de « m’oublier ».

Et c’est parti ! Pendant plus de cinq heures je vais « shooter », avec mon appareil photo, beaucoup, pour ne rien rater. Et ça s’est très bien passé. Après une courte pause déjeuner, j’ai assisté au début du cours d’histoire-géographie. Je suis parti, confiant : j’avais tout ce qu’il fallait pour terminer mon reportage. Je n’avais plus qu’à faire « l’editing » de mes photos, c’est à dire la sélection pour envoyer les meilleures à Raphaële et son équipe. Puis d’écrire l’article…

Tout compte fait, le plus dur de cette matinée à l’école aura été́ de résister à la tentation devant toutes les pâtisseries réalisées par les apprentis ! Ça sentait tellement bon ! Mais malgré́ mon « professionnalisme », les deux professeurs l’avaient sans doute remarqué. À la fin du cours, ils m’ont très gentiment offert deux cakes, des petits fours et un mille-feuille. Le soir même à la maison, toute la famille s’est régalée !

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